Dienstag, 3. Februar 2009

Nombre d'entreprises soutiennent les grandes institutions pour valoriser leur image de marque

par Marie-Laure Rolland

Que serait l'art sans les mécènes? Que serait Florence sans les Médicis ? Peu de choses. Depuis l'âge d'or de la Renaissance, les créateurs ont toujours su s'attirer les faveurs d'un prince ou d'une riche fortune pour asseoir leur oeuvre.

Le mécénat entre-temps s'est démocratisé, quittant l'or des palais pour les cîmes des indices boursiers, avec un François Pinault qui fait aujourd'hui figure de successeur de Laurent le Magnifique. Au Luxembourg , la multiplication des institutions culturelles ces dernières années a entraîné une âpre lutte pour des ressources en mécénat qui restent à ce jour limitées.

Il est intéressant de noter la différence sémantique. Les institutions culturelles interrogées aiment à parler de leurs «mécènes ». Une activité beaucoup plus noble que le vulgaire «sponsoring».

Au ministère de la Culture, qui a réalisé en 2006 une étude sur la question, on reconnaît que la différence n'est pas clairement établie au Luxembourg. «En général, un accord de sponsoring est cadré par des contreparties claires pour l'entreprise. Ce qui n'est pas le cas pour le mécénat», observe Luc Eicher, conseilleur de direction en charge du mécénat.

La différence en revanche est limpide d'un point de vue fiscal: alors qu'un mécène peut déduire fiscalement ses dons jusqu'à hauteur de 500 .000 euros ou 10 % de son revenu, aucune déduction n'est possible pour un sponsoring (taxé à 15 % de TVA).

Pour ne pas dissuader les donateurs, des accords peuvent être trouvés avec l'administration des contributions. «Nos partenaires peuvent déduire de leurs impôts jusque 80 % de leurs dons», indique Dominique Hansen, responsable du sponsoring et du mécénat à la Philharmonie. Laquelle institution est la seule, avec le Mudam, à employer une personne à temps complet pour démarcher les entreprises. Un poste stratégique: le volet sponsoring-mécénat a représenté 1,10 million d'euros en 2007, soit 10 % du budget de la Philharmonie .

Au Mudam, celui-ci représente 13 % du budget. L 'Orchestre philharmonique du Luxembourg, géré par la Fondation Pensis, couvre lui aussi 10 % de ses dépenses par du mécénat.


Concurrence accrue

L'arrivée de ces grandes institutions dotées de moyens professionnels a secoué le marché du mécénat culturel au Luxembourg. Le récent acte de décès du Jazz Club Luxembourg et l'agonie du Folk Clupp ne sont pas sans rapport avec ce bouleversement. D'autres organisateurs, comme le Festival de Wiltz ou d'Echternach avouent leur difficulté à faire face à la nouvelle concurrence. C'est que passée la bulle de l'année européenne de la culture, le tassement des dons est manifeste.

Dans ces conditions, la question se pose de savoir comment inciter davantage de donateurs privés à soutenir les initiatives culturelles. Des pistes ont été explorées dans le dernier rapport sur le mécénat culturel . Celles-ci reprennent le souhait d'une bonne partie des acteurs concernés.

«La création d'une grande Fondation communautaire, un peu à l'instar de la Fondation Baudoin ou de la Fondation de France, permettrait de loger sous une même structure, qui reste à déterminer, des petites associations qui ne disposent pas de la possibilité de recevoir des dons fiscalement déductibles. Une telle Fondation présenterait l'intérêt de faire le lien entre ceux qui ont des projets et ceux qui ont de l'argent», observe Luc Eicher. A l'entendre , certains fonds ne sont jamais utilisés faute de structure adéquate répondant aux souhaits des donateurs.

En attendant, les personnes qui veulent aider une association non agréée par l'administration fiscale (la liste est consultable sur www.impotsdirects.public .lu), peuvent soumettre une demande d'exonération au Fonds culturel national .

«C'est une procédure individuelle contraignante», reconnaît Sonja Lammar, du Fonds culturel. Elle est utilisée le plus souvent pour des programmes de rénovation d'églises ou d'orgues. Une bonne nouvelle toutefois : un projet de réglement grand-ducal devrait permettre à une association , et non plus au donateur, de faire une demande globale de déductibilité .



© saint-paul luxembourg

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